Histoire de la mine de Pierre :Le premier Abis de la mine de pierre n’était pas Roi, mais forgeron. Son pouvoir lui servait à forger des armes d’argent et faisait de lui quelqu’un de profondément respecté, bien que n’étant pas plus élevé socialement que n’importe qui d’autre.
Lui et son peuple vivaient aux flans d’imposantes montagnes, dans une entente et une harmonie stable qui permettait à chacun de vivre sans réel problème de hiérarchie. Bien qu’assez pauvre, ce Clan ne manquait de rien et subvenait seul à tous ses besoins, allant chercher ce qui leur manquait à l’extérieur aux moyens de marchands.
Ce fut le deuxième Abis qui, conscient de sa supériorité du fait de son pouvoir génétique, décida de prendre la tête de son peuple. Se formèrent alors deux clans : ceux qui le soutinrent afin qu’il devienne le Roi, et ceux qui s’y opposèrent.
Peu habitué à des manifestations et des rencontres violentes, la Ville garda longtemps le souvenir de ce jour dans les Archives. L’Abis ayant réussit à acquérir le pouvoir sur les hommes se fit construire une maison importante placée plus haute que les autres sur la montagne, et élimina tous ces derniers opposants politiques : son père pacifiste le premier.
Bien que brutal, le deuxième Abis était conscient que pour garder le pouvoir, il lui faudrait avoir la confiance et la dévotion de son peuple. Il fit édifier d’imposantes murailles autour de la Ville parsemées de tours immenses de pierre, pour les protéger d’éventuelles attaques extérieures, et améliora le fonctionnement de la Ville afin de la rendre plus riche. Sa Police fut crainte autant que sa colère, et avait tout droit sur les habitants de la Ville, au nom de la sérénité du pays. De nombreuses actions de propagandes menées durant des années finirent, ajoutées à la peur, par le faire adorer et craindre des hommes qu’il faisait surveiller par des espions pour ne pas en perdre le contrôle.
La première révolte ne vint qu’à la fin de son règne, et ce fut sa fille qui dût y faire face. Plus calme que son père, elle avait la réputation d’être aussi douce que belle, et d’aimer autant son peuple que les membres même de sa famille. La Maison de l’Abis fut entourée de soldats rebelles et de villageois en colère, brandissant armes et torches, prêt à un coup d’Etat. La nouvelle Abis fut prise en otage sans qu’elle ait le courage de répliquer, jusqu’à l’assassinat de son père. Les villageois pensaient la situation renversée et le pouvoir repris, et relâchèrent la jeune femme qui n’aurait de toute façon pas fait de mal à une mouche. Prise de rage, celle ci les maudit tous et jura, au nom de son père, que jamais les Abis ne serait détrôner. Poursuivie pour ses menaces, elle se jeta à l’intérieur de sa demeure en feu, où personne ne la poursuivie. Elle réapparut quelques minutes plus tard sur le balcon, surplombant la foule et cria, hystérique, qu’ils demandent pardon à leur nouvelle reine, leur déesse, et qu’ils s’apprêtent à en recevoir le courroux. Aussitôt, la terre s’ouvrit et engloutirent des centaines d’hommes présents, les montagnes tremblèrent et s’effritèrent, faisant rouler d’immenses rochers sur la foule paniquée, qui se dispersa. Le domaine resta isolé de nombreux jours, durant lesquels les tremblements de terre continuèrent, et où le sol devint aussi aride que de la pierre, empêchant toutes récoltes. Certains partirent, et les habitants restant revinrent au château, où ils jurèrent fidélité et obéissance à leur nouvelle reine, implorant son pardon.
Le domaine brûlé fut abandonné et la Reine monta, seule, au sommet de la montagne. Là bas, on dit qu’elle n’eut qu’à poser ses mains sur le sol pour que la pierre s’effrite de nouveau et que, peu à peu, le côté de la montagne à l’opposé de la Ville ne soit attiré au sommet où il forma un château grossier, qui s’affina peu à peu, pour devenir le plus beau et le plus imposant qu’il ait été donné de voir à quiconque de ce peuple. Ses toits furent recouverts d’argent et ses tuiles brillaient au Soleil, rappelant sans cesse sa magnificence et son pouvoir. On l’appela le Palais d’Argent, au sommet d’une falaise imposante, où personne n’avait le droit d’aller puisqu’il était aussi sacré que la déesse qui l’habitait.
Les générations se poursuivirent sans nouvel écart, et les Abis devinrent plus respectés et craints que la propagande du deuxième Abis n’ait réussi à le faire. Le Palais s’emplit au fur et à mesure de Nobles, qui n’avaient souvent pas d’autre qualité que celle de leur porte-monnaie, à savoir d’avoir de l’embonpoint.
En contrebas, le Village continua d’évoluer derrière les imposantes murailles de pierre et se développa de plus en plus, jusqu’à devenir un peuple immense, entièrement soumis à son Roi, duquel il ne connaissait souvent rien, sauf le visage.
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